« Pérenne… »

30 janvier 2008 par - Audiovisuel

Aujourd’hui le monde politique et journalistique n’a que ce mot à la bouche… L’édition du Petit Robert que j’utilise (celle de 1969) le définit comme « incompréhensible ou peu compréhensible de nos jours et jamais employé »… Disons-le, c’est beau et touchant un mot qui revient à la mode !

Donc, des ressources « pérennes » pour l’audiovisuel public, voilà la grande question du jour au moment où le Président de la République lance l’idée de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques.
Augmentation de la redevance, taxe sur les recettes publicitaires des chaînes privées, taxes sur nouveaux moyens de communication… Il ne faudrait cependant pas que les auteurs se trompent de débat. Nous devons bien sur nous battre pour que les ressources futures de l’audiovisuel public soient « pérennes » et suffisamment importantes pour lui permettre une grande ambition. Mais le choix du financement incombe aux hommes politiques. Après tout, c’est leur boulot de choisir entre un impôt direct et un impôt indirect. C’est leur boulot d’être cohérents avec les propositions qu’ils soutiennent et de les assumer face à leurs électeurs. Qu’ils n’essayent donc pas de faire porter aux créateurs la responsabilité du choix qu’ils seront amenés à faire !Notre réflexion à nous, auteurs, doit porter sur la définition et le rôle du service public de l’audiovisuel. Les responsabilités face à la Nation, les missions face aux téléspectateurs, les différences avec la télévision privée, voilà les questions sur lesquelles nous devons réfléchir et intervenir.
La disparition programmée de la publicité ôte aux programmateurs l’alibi trop facile de l’audience médiamétrique. Mais l’audience doit rester un impératif, un impératif catégorique, – il ne s’agit surtout pas de transformer le service public en un service de recherche – et ces mêmes programmateurs, désormais privés de leur échelle de valeur marchande, auront bien besoin des auteurs pour définir les nouvelles règles de programmation.

Respect de la pluralité de l’information et respect de la diversité de la création, voilà, semble-t-il, les règles principales qui doivent établir  la différence avec le secteur privé.

Par exemple, en ce qui concerne le cinéma, les filiales cinéma du service public ont toujours respecté la diversité de la création cinématographique, en investissant dans un panel assez large de la production. Ce, contrairement aux filiales cinéma des chaînes privées qui, elles, remplissent leurs obligations en investissant uniquement dans les films qu’elles pensent être les plus à même de contenter leurs annonceurs.

Par contre, les chaînes publiques, sous la contrainte de leurs régies publicitaires, ont souvent diffusé les films co-produits à des heures de moindre audience, en fin de soirée, si ce n’est même en pleine nuit. Comme si le seul fait de produire les films leur suffisait pour s’acquitter de leur mission face au cinéma.
Sans l’alibi des annonceurs, la programmation des films de cinéma sur le service public devra trouver une nouvelle justification qui tienne compte à la fois de la diversité de la création et du respect et de la satisfaction du public.

Bref, on a du pain sur la planche !

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