Petit bréviaire sur les ARTS DE LA RUE, aujourd’hui… Appelés également ARTS DE L’ESPACE PUBLIC

5 octobre 2011 par - Arts de la rue

Photo de Frédéric MicheletLa France est de manière incontestée pilote dans le domaine des interventions artistiques dans l’espace public. Le réseau français, unique au monde, est reconnu partout comme une référence: toutes les initiatives européennes du secteur sont d’ailleurs pilotées par des structures françaises.
L’art en espace public est un formidable accélérateur de nouveaux rapports entre l’art et la ville, entre l’art et les citoyens. Il est au cÅ“ur d’une démocratisation culturelle.
Il doit être un vecteur essentiel d’une relance du spectacle vivant en France car il s’adresse à l’ensemble des citoyens tout en maintenant une nécessaire exigence artistique.
27% des citoyens de notre pays assistent aux Arts de la rue.

On désigne communément par le terme « Arts de la rue » les spectacles ou les événements artistiques donnés à voir hors des lieux pré-affectés : théâtres, salles de concert, musées… Dans la rue, donc, sur les places ou les berges d’un fleuve, dans une gare ou un port et aussi bien dans une friche industrielle ou un immeuble en construction, voire les coulisses d’un théâtre. De la prouesse solitaire à la scénographie monumentale, de la déambulation au dispositif provisoire, de la parodie contestataire à l’événement merveilleux, les formes et les enjeux en sont variés, les disciplines artistiques s’y côtoient et s’y mêlent.

Les Arts de la rue sont composites et transversaux.
Ils réunissent : théâtre dans la rue, formes déambulatoires, arts de prouesse, vidéos, art circassien, théâtre interactif, art plastique urbain, théâtre forain et de tréteaux et, bien sûr, les traditionnelles échasses et la jonglerie. Ils associent bien souvent théâtre, danse, cirque, effets spéciaux et art audiovisuel.

D’où viennent-ils ?
Les Arts de la Rue ne sont pas nés dans les années 70, mais des centaines d’années plus tôt. Depuis la nuit des temps, ils se croisent et flirtent avec l’histoire du théâtre. Parfois ce sont les gens de théâtre qui s’emparent de la rue. Parfois ce sont les meilleurs bateleurs ou comédiens qui, « choisis » par le prince, « rentrent » à « l’intérieur ». Leurs ancêtres sont les théâtres de foires et de tréteaux, le boulevard du crime…
Les Arts de la rue sont « fragiles ». Non seulement ils sont soumis aux aléas des intempéries, mais aussi à la politique, plus encore que le Théâtre de salle.
Parce qu’ils s’exercent sur la place publique, ils sont suspectés de troubles à l’ordre public,  menacés, voire interdits à chaque période de conflits, de guerre ou de règne autoritaire. Ils peuvent disparaître pendant plusieurs siècles, et réapparaître soudain.

Après “l’Agit Prop“ d’avant-guerre, c’est dans les années 70 qu’ils vont véritablement prendre leur essor. Aux Etats-Unis et en Europe, ce sont les années où l’on conteste le pouvoir et la guerre au Viet-Nam : organisation de happenings, puis de véritables spectacles de rues avec La Mama de New York, le Bread and Puppet, le Teatro Campesino…  Les Comedians nés en Espagne envahissent l’Europe.

Le mouvement gagne  la France.
En France, organisation d’un rassemblements de comédiens de rues et saltimbanques : la falaise des fous, à Aix en Provence, Jean Digne, en 1973, créé “Aix ville ouverte aux saltimbanques“…
Les artistes s’immergent dans la rue, partent à la rencontre des spectateurs.
Michel Crespin crée le Festival D’Aurillac…

La « profession de foi »  des Arts de la rue :
Que défendent et souhaitent ces centaines de passionnés ? ? ?
La plupart des metteurs en scènes, auteurs et directeurs artistiques qui se jettent dans l’aventure, à partir des années 70 et aujourd’hui, souhaitent aller à la rencontre du public, continuer la décentralisation, la démocratisation culturelle souhaitées par Jean Vilar (qui s’est quelque peu « enrayée »).
Ils souhaitent :
Aller à la rencontre du public
Réagir face à l’institution « sclérosée »
« Engager » l’artiste au sein de la cité
Créer un contact différent avec le  public
Etre proche du public, de tout âge et de tout milieu,
Investir et détourner l’espace urbain, y être faiseurs de sens et de liens / de rassemblement.
Se réapproprier l’espace public.

Une écriture spécifique, un nouveau répertoire
S’insérer dans le contexte urbain (la campagne aussi est urbaine, aujourd’hui) a plusieurs incidences déterminantes sur les propositions artistiques. La ville est un espace libre et contraignant. Physiquement, elle permet de choisir son territoire, de jouer avec l’environnement. Il y faut aussi se confronter au bruit, à l’encombrement, aux intempéries éventuelles. Socialement, le spectacle s’adresse simultanément aux spectateurs prévenus et aux passants de hasard, au public averti et au public « vierge ». Il importe donc de s’appuyer sur les émotions communes et les cultures partagées.

On n’écrit donc pas pour la rue, comme on écrit pour la salle !
Les auteurs et metteurs en scène qui se lancent dans cette aventure vont vite découvrir que l’écriture doit être bien spécifique.
L’écriture est intimement mêlée à la scénographie et à la mise en scène, d’où un  travail obligatoire de collaboration.
L’écriture doit tenir compte de l’espace public, de plusieurs niveaux de lecture. De la volatilité potentielle du public… D’un public tous âges et tous milieux sociaux.
C’est un exercice de style difficile, une écriture singulière, un art à part entière.
Certains souhaitent concourir à créer un nouveau public pour le théâtre  de salle.

La gratuité fait partie de leur singularité et de leur profession de foi (les spectacles sont achetés par des festivals, villes, collectivités,…).

Quelques CHIFFRES  des Arts de la rue:
Nombre de compagnies exclusivement Rue dans le monde : 1150.
Nombre de compagnies exclusivement Rue en France : 1040
(compagnies professionnelles possédant licences d’entrepreneurs de spectacles).
C’est donc encore une fois une véritable exception culturelle qui se développe dans notre pays.
(27% des troupes sont implantés en Région Parisienne, 11% Rhône-Alpes, 7% Languedoc-Roussillon, le reste se partage les 20 régions restantes).
Ce sont donc bien plus de 1000 auteurs potentiels ! ! !
Plus de 200 créations sont effectuées par an (en moyenne une création tous les 3 ans).
211 Festivals identifiés « rue » / dont les plus grands : Aurillac, Châlon-sur-Saône, Sotteville-les-Rouen, Angers…
38 compagnies sont conventionnées.

Les aides et subventions Etat + Drac consacrées à ce secteur : en tout et pour tout, 9,5 millions d’euros (chiffre 2007)
Représentant 1,6% du budget du spectacle vivant
Les lieux de création « consacrés » sont 9 CNAR (Centre Nationaux des Arts de la rue) dotés chacun d’environ 150 000  € par l’Etat (plus les collectivités territoriales)
Une trentaine d’autres lieux appelés «  lieux de Fabrique » sont gérés tant bien que mal avec des budgets minimalistes.

Ces compagnies proposent plus de 2 100 spectacles à la vente, qui réunissent en moyenne 6 artistes. L’implantation des compagnies, comme le montre la carte, fait apparaître une concentration plus marquée dans trois zones géographiques  : près de 33 % dans le Sud (Rhône-Alpes, PACA, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées), 24 % en Ile-de-France et 14 % à l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire).

On attend toujours le croisement avec les scènes conventionnées, les scènes nationales et les centres Dramatiques. Seules 7 scènes nationales travaillent avec les Arts de la Rue (Petit Quevilly, Alès, Annecy, Bar le Duc, …), et un seul centre dramatique s’y est essayé (Montluçon).

Les interfaces
Hors les murs
La fédération des Arts de la Rue
L’association des Auteurs Pour l’Espace Public

Le Temps des Arts de la rue
En signe de reconnaissance, le Ministère de la Culture a lancé Le Temps des Arts de la rue en 2005. Celui-ci, sorte d’aide accrue et reconnaissance institutionnelle, s’est déroulé sur trois ans (2005, 2006, 2007). Les fonds dont il est doté furent de 2 millions d’euros (1 en centrale, 1 via les DRACS).

Les arts de la rue et la SACD
Ce répertoire est encore émergent, et peu subventionné.
Il est représenté officiellement à la SACD, seulement depuis 2005, date de la création d’un poste d’administrateur.
Beaucoup d’auteurs Arts de la rue ne déposent pas encore leurs œuvres à la SACD.
Pour beaucoup d’entre eux, la SACD est une encore  “institution.
(dans ceux qui déposent, un certain nombre cochent la case théâtre)

Nous devons aller à leur rencontre dans les festivals, grâce à la communication, à l’action culturelle, pour leur faire connaître notre travail militant et notre COMBAT POUR LA CREATION.

Nul doute que les Arts de la rue sauront faire honneur à la Société des Auteurs et épouser ses combats mutualistes et pluriels. Participer ensemble à la défense du spectacle vivant et de l’audiovisuel.

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