Un 16 juillet à Avignon

25 juillet 2013 par - Radio

par Yves Nilly, premier vice-président de la SACD, administrateur délégué à la Radio

Elle était belle cette matinée du 16 juillet dans la magnifique cour du Musée Calvet à Avignon. Du monde, du soleil, une excitation palpable chez tous les partenaires¹  du lancement officiel du portail internet France Culture Fictions (fictions.franceculture.fr).

Les chiffres ont valsé, pour les 50 ans de France Culture, 500 heures de fiction déjà disponibles, des années 50 à nos jours… Il y avait surtout la joie d’un formidable pari relevé tous ensemble. Nous nous sommes engagés dans cette folle aventure, persuadés de l’avenir de la création sonore, mais conscients de l’énorme révolution à accomplir. Les efforts n’ont pas manqué. Un souffle collectif, le souci de rendre l’accès facile à nos répertoires, favoriser la circulation des œuvres, entraîner tous les partenaires et les bonnes volontés.

On repensait à tout cela, ça se lisait dans les regards, bien au-delà du bonheur habituel du Festival d’Avignon et de la douceur de Calvet, là où résonnent tant de riches heures de création sonore en public.

Olivier Poivre d’Arvor, directeur de France Culture, était le maître de cérémonie, joyeusement, conviant chacun à s’associer intimement à une fierté légitime, et nous nous sommes souvenus de notre « banco, on prend date, 16 juillet au Festival d’Avignon, on lance le portail » lors d’un déjeuner à la SACD en ce début d’année.

Nous sommes des gens pressés, mais nous sommes surtout des passionnés. Tous ont travaillé à ce projet depuis de longs mois, à signer les accords, relancer, convaincre, imaginer. Banco. Avec l’énergie et la passion d’Olivier, Jean-Luc, Blandine, Laurence, et Pascal, Muriel, Jérôme, Hubert, Anne, et aussi Mathieu, Joël… Ils se reconnaîtront, et bien sûr tous les autres, une liste trop longue ici, mais je les remercie chaleureusement, pour leur soutien, leur écoute, depuis le début.

Peu se douteront de l’immense travail accompli. Nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire, et nous nous sommes promis d’avancer, toujours.

Soixante années d’archives, textes et interprètes prestigieux, rares, oubliés parfois ou simplement inaccessibles, inconnus. Des pépites et des curiosités, mais pas un musée, car en lien avec ce qui se crée aujourd’hui sur les chaînes de Radio France. Tous les genres, toutes les écritures.

Les voix de Danièle Delorme et Gérard Philipe ont résonné dans la cour Calvet, dans l’adaptation d’ « Une larme du diable » de Théophile Gautier, sous la direction artistique de René Clair (1950), première dramatique enregistrée en stéréo. Puis Maria Casarès et Charles Vanel dans « L’après-midi de monsieur Andesmas », de Marguerite Duras (1965), sur une musique originale de Georges Delerue ; la voix de Denis Podalydès lisant la magnifique déclaration d’amour de Pascal Rambert à Avignon, « Avignon à vie » (2011) ou encore Madeleine Renaud mise en scène par Roger Blin dans « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett.

Réjouissons-nous de ce projet sans doute unique au monde. Alors que tant de pays peinent à trouver des accords pour diffuser les œuvres auprès du plus grand nombre, notre « vieille » gestion collective, par et pour les auteurs, a permis cela, initié cela.

Valoriser le patrimoine est une chose, et il était temps en ce qui concerne la radio et 60 ans de création littéraire et théâtrale, mais rappelons que les auteurs, comédiens et réalisateurs d’aujourd’hui révèlent au public les écritures de demain. Le site va continuer de s’enrichir, avec un travail précieux d’éditorialisation. Il sera fait appel à la mémoire et aux envies de chacun. Une application smartphone sera développée, d’autres partenaires viendront peut-être nous rejoindre. Ce formidable espace de création est un modèle qu’il faut développer et protéger.

¹ Radio France, France Culture, l’INA et la SACD

Continuez votre lecture avec



Laisser un commentaire