La télévision est morte, vive la télévision !

3 octobre 2006 par - Audiovisuel

 

VOD, FAI, FOD, DRM, HD, BLU-RAY, PODCASTING…
Vous êtes inquiets, n’est-ce pas ?
Cela me rappelle Fanny Cottençon dans « les Monologues du Vagin ». Elle entrait en scène et disait :
« Vous êtes inquiets, n’est-ce pas ? »
ARG, BLOG, STREAMING, DVB-H, MOBILE 3G…

On pourrait continuer comme ça assez longtemps. Dans les magazines, il existe des rubriques qui indiquent les « tendances » avec une flèche qui monte et une flèche qui descend. Le mot qui monte en ce moment est WIDGET. On se fout de ce qu’il veut dire. Le mot qui descend est TELEFILM…

Eh oui, la télévision de papa est morte ! Alors, vive la télévision !
Le 2 novembre 1936, la première émission de télévision, le couronnement du roi George VI, était diffusée par la BBC. Elle avait réuni quelques 10 000 personnes.
En 1960, la société Sony invente le téléviseur portable. C’est le début de la télévision « nomade ».
Depuis, plus rien n’a arrêté l’évolution technologique de la télévision, jusqu’à aujourd’hui le TRIPLE PAY, c’est-à-dire l’ADSL haut débit, la téléphonie illimitée et la télévision par INTERNET, et bientôt sur MOBILE et BALADEUR VIDEO.
Vous êtes de plus en plus inquiets, n’est-ce pas ?

On arrête les acronymes et les termes barbares américains.
Que nous réserve l’avenir de la « Vidéo à la demande » ?
L’assiette de répartition se résume à 50% pour les opérateurs de la VAD et 50% pour les ayants droit. Par ayants droit, il faut entendre les auteurs (scénaristes et réalisateurs), les producteurs et les fournisseurs de boîtiers d’accès IPTV (Internet Protocole TV), genre FREEBOX ou LIVEBOX, proposés pour l’heure par quatre opérateurs : France Télécom, Free, Neuf Cegetel et Alice – la filiale de Télécom Italia…

En ce qui concerne les auteurs, l’affaire est claire et entendue. La SACD a négocié dès 1999 avec les syndicats de producteurs un pourcentage de 1,75% sur toute œuvre téléchargée en VAD.
Ce pourcentage peut paraître modeste, mais c’est une bonne négociation dans la mesure où le reste du pourcentage va se négocier au couteau entre les fournisseurs de matériel et les producteurs, alors que celui des auteurs va rester fixe. Il faut savoir que les fournisseurs négocient des commissions jusqu’à 30%. Dans ce cas, les remontées financières des producteurs risquent de n’être qu’une peau de chagrin.

Sortez vos mouchoirs, producteurs de télévision et, par voie de conséquence, auteurs d’œuvres audiovisuelles, d’autant que la VOD, du moins pour l’instant, intéresse presque exclusivement les films de cinéma. Les fictions de télévisions sont peu ou pas concernées par ce nouveau mode de diffusion, à part les formats courts (« Kaamelott », « Pause Café », « Un gars, une fille », et autres séries à venir) dont le minutage s’adapte mieux au nouvel usage de la télévision sur téléphones mobiles et baladeurs vidéo.

La télévision vit en ce moment une révolution extraordinaire. Elle est au cœur de la convergence des médias. La programmation « linéaire » est en train de perdre la maîtrise du jeu. On va regarder la télévision autrement, partout, quand on veut…
En quelques années, le nombre des chaînes a été multiplié par 20.
Le temps de consommation a augmenté de 15%.
Dès son lancement sur les mobiles 3G, la télévision a séduit 35% des abonnés.
La diffusion en HD va prendre son envol.
Un changement majeur du PAF est en cours. Les opérateurs télécoms sont de plus en plus présents dans nos métiers avec une puissance financière bien supérieure à celle des chaînes de télévision.
Que dire des futurs opérateurs issus de la grande distribution ?

En 2010, 40 millions de Français recevront la télévision par une ligne téléphonique.
Dès la fin 2006, l’ADSL sera sur les mobiles avec un GPS intégré (pour ne pas se perdre en cas d’addiction aux images du portable)
La télécommande universelle ou le téléphone mobile va devenir le prolongement de la main, comme l’outil des grands singes dans « 2001, l’Odyssée de l’Espace » de Stanley Kubrick.
Peut-être sommes-nous en train de connaître une mutation de l’humanité ?

Le succès de la télévision par INTERNET ou sur mobiles va se poursuivre dans toute l’Europe de l’Ouest, mais dégagera des bénéfices limités du fait de la concurrence de l’offre.
Il existe plus de 40 services VAD dans 10 pays européens. Les catalogues fleurissent.
De l’opérateur le plus gros (Canal Interactive) au plus actif (Free) en passant par le plus petit (Éditions Montparnasse, 1 film « King Kong » – 1933).
Du film le plus vieux (« Le Maître du logis » de Carl Dreyer – 1925) au plus récent (le dernier film de Steven Soderbergh, produit par les nouveaux riches d’INTERNET, qui ont balayé sans vergogne la « Chronologie des Médias » en proposant la VAD le jour même de la sortie du film en salles).

Les nouveaux entrants de la VAD sont chaque jour plus nombreux :

Opérateurs de télécoms (France Télécom, Free…)

Agrégateurs créés spécifiquement (Cinézime, W4tch TV, Télésavoirs, Banque audiovisuelle, Kids, Zooloo, Vodéo…)

Diffuseurs (TF1, M6, Arte, France Télévisions…)

Éditeurs vidéo (Éditions Montparnasse…)

Industriels de l’informatique (Apple, Samsung, Sony…)

Distributeurs de biens culturels (Fnac, Virgin…)

Loueurs vidéo (Glowria, Blockbuster…)

Portails Internet (Yahoo, Google…)

Demain, la grande distribution (Auchan, Leclerc, Carrefour…)

 

En conclusion, on peut dire que la mutation de la télévision est en cours avec :

la diminution du poids du hertzien

l’augmentation de la télévision par abonnement

l’accentuation de la migration vers le numérique

l’annonce de la fin de la programmation linéaire

la mise en Å“uvre de la programmation personnelle

la mise sur le marché des disques durs pour stocker les films

la fragmentation de l’offre avec ses effets pervers

la multiplication des initiatives de VAD

la confirmation de l’attrait pour la télévision par Internet

la saturation de la publicité télévisée

 

Il reste à résoudre et à réglementer l’accès aux droits de la diffusion en VAD, non pas à l’échelle nationale, mais européenne, pour une exploitation pérenne et diversifiée des œuvres, pour une lutte efficace contre l’offre illégale et pour un respect du droit des auteurs.

 

Michel Sibra
Administrateur Télévision

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