Stop aux situations inextricables

18 novembre 2011 par - Audiovisuel

Crédit : E.R. Espalieu

Pascal Lainé, administrateur Télévision

Dans le cadre de ses missions d’aide aux auteurs, la SACD organise des réunions de conciliation dans des cas qui les opposent entre eux.
Ces conciliations ont pour but de réparer à postériori des dommages la plupart du temps causés par d’autres que les auteurs eux-mêmes

Diviser pour régner est un procédé vieux comme le monde. Il est magnifiquement payant lorsque l’on divise par pure incompétence, en créant des situations inextricables que Machiavel lui-même n’aurait peut-être pas imaginées et dont les victimes ne peuvent sortir qu’en se battant les unes contre les autres.

Quand on regarde un téléfilm ou un épisode d’une série, on ne songe pas quels obstacles scénaristes et réalisateurs ont dû ordinairement surmonter pour qu’un film existe à la fin des fins, en dépit des hésitations, des ordres contradictoires, des revirements, des caprices les plus absurdes. Il arrive même que ce film soit bon, voire excellent, et c’est miracle.

La Commission de conciliation de la SACD aura, dans les quelques jours ou semaines à venir, à recoller ensemble les morceaux de ce qui aurait dû constituer une équipe d’auteurs solidaires dans la création d’une œuvre. Nous ne le ferons pas même pour trouver une solution à ce qui n’en comporte plus, mais au moins pour éviter la catastrophe que serait un procès fratricide entre auteurs.

L’impéritie des responsables des programmations a créé de toutes pièces cette situation. Je veux que cela se sache. Je veux préciser que le cas se présente plusieurs fois chaque année, et de plus en plus souvent. Je veux que l’on comprenne que nous n’intervenons que sur les conflits qui n’ont pas trouvé de solution et que nous n’avons pas connaissance du plus grand nombre de ces situations.

Je veux que l’on commence à se rendre compte que ce n’est peut-être pas sous l’impulsion des supposés responsables de la fiction sur les chaînes qu’il y a des programmes, mais bien souvent en dépit d’eux !

Quant à ceux qui me soupçonneraient d’éructer ici pour de simples maux d’estomac, je les invite à jeter un coup d’œil sur le mail que j’ai reçu ce matin, et qui n’est certes pas le premier du genre.
Qu’ils jugent par eux-mêmes !

Les droits du téléfilm « Xxxxx», diffusé sur une grande chaîne publique, n’ont pas été payés, faute d’un accord entre les scénaristes sur la répartition des droits.
Les 5 scénaristes (Pierre, Paul, Jacques, Jean, Madeleine) nous demandent d’organiser une réunion de conciliation afin de tenter de trouver un accord.

Résumé de la situation
Y….. Productions a confié à Pierre et Paul l’écriture du synopsis du téléfilm, à partir d’un pitch de Paul et Jacques. Il s’agissait alors d’un téléfilm de 2 x 90 mn.
Pierre écrit les traitements des deux épisodes.
A la demande de la chaîne, les deux épisodes de 90mn ont été ramenés à deux épisodes de 60mn.
Pierre a écrit la première version dialoguée avec Jean.
Y… Productions a confié l’écriture de la deuxième version dialoguée à Madeleine, à partir de la première version de Pierre et Jean.

Après le tournage, la chaîne a décidé de ramener le film à un unitaire de 90 mn. Pierre a retravaillé les deux épisodes pour en faire un téléfilm de 100 mn.

Voilà qui ferait rire, si ce n’était bête à pleurer, et tristement honteux pour ceux qui ont créé cette situation.
Le plus triste, c’est que, si par hasard l’un d’eux venait à lire ces lignes, il ne se sentirait nullement concerné, se demandant « honnêtement » de qui l’on parle ici.
Nous aussi, on se demande…

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