Longueur d’ondes

18 février 2013 par - Radio

par Yves Nilly, administrateur délégué à la Radio

Dix ans. On a égrené les « je me souviens » dans la bonne humeur, le public est venu très nombreux, curieux et généreux comme les créateurs de ce festival exemplaire. Je me souviens aussi, de la première rencontre avec Laurent Le Gall, qui me décrivait les contours de la première édition rêvée d’un « week-end de la radio et de l’écoute », à Brest en décembre 2003. J’étais alors conseiller littéraire dans l’équipe de la fiction à France Culture. Nous avions évoqué l’idée folle d’une fiction enregistrée en direct au théâtre du Quartz. Quelques heures plus tard, Bernard Comment, puis Laurence Bloch et enfin Laure Adler, dirent tous « banco », avec la même curiosité et générosité. Beaucoup de Brestois se souviennent encore de cette soirée au Quartz, la fougue de Bernard-Pierre Donnadieu révélant l’univers insolite et décapant d’un texte de Claude Lucas (prix radio SACD 2012), le régional de l’étape, vivant au large de Brest sur l’île d’Ouessant.

Anniversaire oblige, les petits plats dans les grands, Blandine Masson a eu la belle idée de célébrer les dix ans de Longueur d’ondes en revisitant un des grands moments de l’histoire de la radio : la version radiophonique de La Guerre des Mondes du Mercury Theater d’Orson Welles, en direct et en public.

Beaucoup d’autres moments forts, impossible de les citer tous, un brassage savant et joyeux allant de Louis Bozon et Pierre Bellemare ou Marc-Olivier Fogiel à la fine fleur des documentaristes (et documenteurs du docufiction), Irène Omélianenko, Christophe Deleu, François Teste, en passant par Collin et Mauduit, Zégut, Spire, Poivre d’Arvor, Piero, Paoli et les Papous dans la tête…

 

De l’image aussi, avec l’avant-première du nouveau film de Nicolas Philibert La Maison de la Radio, mais surtout de l’écoute, comme avec les magnifiques aventures sonores proposées notamment par Etienne Noiseau ou Thomas Baumgartner, l’INA et la nuit de la radio de la Scam.

Tout en fêtant la radio et Brest, on aura aussi beaucoup parlé de demain. Le public était souvent jeune, tant mieux pour la radio et la création sonore, pour les champs nouveaux qu’elle prospecte, en ligne ou hors-ligne, pour l’invisible et le sans image. « Radio active, écoutes en liberté, atelier du son », les intitulés de séances rappellent combien il reste heureusement à défricher. Les dix ans de Longueur d’ondes ne sont en fait qu’un commencement. Arte Radio a aussi fêté ses dix ans à la fin de l’année dernière, on peut donc parler de jeunesse, de renouveau, de débuts et de rêves. Entre deux séances nous n’étions heureusement pas à simplement nous souvenir mais à imaginer la suite, l’inventer et la créer, ensemble. Il reste beaucoup à faire et les créateurs sonores travaillent trop souvent dans des conditions difficiles, dans une économie précaire. C’est là aussi que la démarche de l’équipe de Longueur d’ondes prend tout son sens. Car comme le souligne très justement Matthieu Banvillet, le directeur du Quartz, « la passion de la radio de nos amis de Longueur d’ondes ne saurait être la seule explication de ce succès. Une certaine idée de la radio, un goût du service public, la foi en la pédagogie de l’écoute, la revendication d’une « culture sonore » en sont le véritable fondement ».

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