Pouvez-vous vous taire ?

27 février 2007 par - Audiovisuel

Avec quelques camarades nous avions concocté un texte “Pouvez-vous vous taire ?” que nous avons fait parvenir à trois des réalisateurs nommés aux Césars. Il s’agissait d’anti-sèches pour rappeler à nos collègues qui risquaient de monter sur scène que notre profession vivait des moments douloureux tant dans la précarité grandissante des conditions de réalisation des films, que sur les négociations conflictuelles des conventions collectives et de l’évolution aberrante du statut des intermittents et du régime des ASSEDIC…Pascale Ferran a reçu ce texte d’une page.

“ Lady Chatterley” faisait parti des favoris et je suppose qu’en personne engagée, elle avait prévu d’intervenir sur les problèmes qui agitent notre métier. S’est-elle servi du texte un peu austère que nous lui avons envoyé ? Toujours est-il qu’après l’émotion de se retrouver couronnée, elle a eu l’autorité de prendre sur elle et de lire avec courage et détermination un texte sobre, simple, précis et généreux où elle a tracé avec l’assurance de ceux qui ont raison et dont les motivations dépassent leur simple cas personnel, le portrait aride d’un cinéma qui est souvent montré en exemple à l’étranger pour sa diversité et sa faculté d’accueil et que l’ultra-libéralisme avec son goût pour la concentration et son appétit du gain à n’importe quel prix (quand ce n’est pas l’incurie ou l’effronterie de ceux qui sont chargés de gérer les fonds) est en train de saccager dans l’indifférence des entrées qui augmentent au seul profit de quelques films.

A l’émotion qu’elle a suscité et aux applaudissements sincères (j’ai repéré dans les mouvements de louma sur l’auditoire les décideurs visés qui se gardaient bien d’applaudir et montraient les visages fermés du cynisme), on a vu que Pascale Ferran disait juste. Mais maintenant que les paillettes sont balayées, ses propos vont s’oublier. C’est pourquoi il faut lire ce texte sans haine ni mépris car, on le sait le cinéma quand il est en bonne santé, balaye tout le spectre de la création, des films les plus accessibles aux films les plus exigeants.

Luc Béraud
Administrateur
Co-président de la commission télévision

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