La liberté d’expression menacée (témoignage)

14 janvier 2010 par - Spectacle vivant

Je me suis rendu hier Mardi 12 janvier à la Maison des METALLOS, Paris XIe pour assister au spectacle “A mon âge, je me cache encore pour fumer” de RAYHANA mise en scène de FABIAN CHAPUIS.

On m’avait dit de venir tôt  à 20H15 car suite au succès et à la très bonne presse unanime, il y avait beaucoup de monde. Effectivement, arrivée dans le hall, j’ai vu une foule nombreuse attendant l’ouverture des portes de la salle. Fabian Chapuis, le metteur en scène me signale alors qu’un petit incident technique fait qu’on commencera avec un peu de retard. Je vais au bar en attendant l’ouverture des portes. J’étais ravie de voir le monde et la très bonne presse du spectacle commencé le 8 décembre 2009. En effet c’est un texte que j’avais présenté dans le cadre des MARDIS du Rond-Point la saison dernière en collaboration avec BEAUMARCHAIS-SACD.

Après une petite demi-heure ouverture des portes et installation du public qui demeure patient et cordial… Mais nous attendons assis en salle un bon quart d’heure de plus jusqu’à ce que le metteur en scène s’adresse à nous pour nous demander de patienter encore vingt minutes supplémentaires… Le public proteste un peu et demande qu’on lui dise vraiment ce qui se passe… Le directeur des Métallos et le metteur en scène nous informent alors qu’il s’agit d’un accident dont a été victime une des comédiennes, qu’elle est allée à l’hôpital mais qu’elle arrive… Mais que si certains veulent repartir et revenir un autre jour ou se faire rembourser il n’y a aucun problème. Très peu de gens partent, nous patientons vingt minutes supplémentaires et enfin le spectacle démarre. Spectacle joué par neuf femmes (cela se passe dans un hammam, le jour des femmes à Alger) et un homme… Très beau, très sobre et pudique bien qu’abordant de façon politique et courageuse la problématique du corps féminin (de tout âge et de toute classe sociale) dans la société algérienne face aux hommes et aux pouvoirs politiques et religieux…

A la fin du spectacle, lors des saluts, très applaudis, très chaleureux, je m’aperçois que Rayhana, l’auteure qui  joue un très petit rôle dans le spectacle est très troublée et au bord de s’effondrer… Dans le hall, je félicite les comédiennes que je connais ainsi que Fabian le metteur en scène et lui demande si je peux voir Rayhana, il me prie de surtout l’attendre ajoutant “elle a besoin de tous les soutiens possibles”… J’attends assez longtemps, on me dit qu’elle est en train de prendre une douche… Quand Rayhana est arrivée des loges et m’a vue , elle s’est littéralement effondrée dans mes bras et m’a dit à l’oreille “ils m’ont aspergée d’essence et ont mis le feu, j’ai réussi à courir, les commerçants m’ont fermé leurs portes au nez… J’ai peur, j’ai peur… Ils m’ont ratée en Algérie, ils m’auront ici… Et regardant enfin autour d’elle , j’ai vu deux policiers qui l’accompagnaient… Les autres comédiennes dont Marie Laborit m’ont confirmé qu’elle était sous protection, qu’elle ne dormait pas chez elle, mais chez une cousine, qu’elle serait protégée, je suis retournée vers Rayhana, je lui ai redonné ma carte avec mon numéro personnel et mon mail, lui disant que la SACD était là aussi pour l’aider…

Lire le communiqué SACD

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Commentaires (1)

 

  1. CLAUDE BRULE dit :

    Notre Médaille Beaumarchais est statutairement décernée à une personne ou une structure n’appartenant pas à la Société mais dont l’action en faveur des auteurs mérite hommage officiel.
    Je viens de lire le témoignage de Louise Doutreligne sur l’ignoble agression.
    Très ému comme vous tous, je propose de rompre pour une fois la règle et d’attribuer « la Beaumarchais » à notre Louise.

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