Les auteurs de l’espace public

27 juillet 2010 par - Arts de la rue

Les Scènes Nationales ouvertes aux arts de la rue.

Il y a quelque temps, Pascal Rogard, Directeur Général de la SACD, a communiqué le projet de cahier des charges des CDN et des Scènes Nationales émanant de la DGCA, demandant aux membres du Conseil d’administration d’éventuelles remarques. Il est apparu que les arts de la rue ne figuraient pas dans la liste des formes présentées par les Scènes Nationales. Après l’intervention de la SACD, G.F Hirsch, directeur de la DGCA, a écrit à Pascal Rogard (lire le courrier) pour annoncer une modification dans le texte, qui ne se contente plus d’énumérer le théâtre, la danse et la musique, dans une liste limitative, mais parle des « différentes formes de la création artistique ».
C’est une ouverture importante et la SACD a pu jouer un rôle significatif dans la défense des auteurs de la rue.

Une déclaration en préliminaire à la création de l’association des auteurs de l’espace public

En septembre dernier, la Fédération des Arts de la rue s’associait à la SACD pour organiser une journée des auteurs des arts de la rue. Ce temps fort a donné naissance à un groupe de travail d’auteurs, qui vient de produire un texte, DECLARATION 1, et une manifestation spectaculaire, présentés en Avignon, à Villeneuve en Scène et au Festival de Chalon dans la rue. Vous trouverez ci dessous le texte de la Déclaration 1.

Les auteurs ont décidé de créer une association des auteurs de l’espace public, dont l’assemblée constituante aura lieu le 2 septembre prochain à 10h à Hors les Murs. Dès maintenant tous les auteurs qui le souhaitent peuvent adhérer au Groupe de travail en s’inscrivant par internet : caussi1metier@googlegroups.com
Il s’agit de créer un mouvement dont le but est essentiellement d’aborder la question de l’écriture, de rassembler tous les artistes qui travaillent dans l’espace public, y compris les musiciens, les grapheurs, les architectes, les urbanistes, les danseurs, d’aborder la question de la propriété intellectuelle, de rechercher une identité dans la spécificité.

Lorsqu’au XVIIe siècle les gens de lettres se réunirent pour créer l’Académie, il s’agissait de donner à la langue française son identité par le dictionnaire.
L’association des auteurs de l’espace public doit inventer la grammaire de l’Espace public, sous deux aspects : la réflexion, mais aussi l’invention d’actions communes. Ce sera un lieu de l’affirmation d’une écriture plurielle, novatrice, spécifique, de l’espace public.

DECLARATION 1

Écrire pour l’espace public est notre métier. Par cette première déclaration nous souhaitons affirmer ses particularités.

La notion d’écriture dans l’espace public dépasse dans la forme et le fond le seul support du texte ; nous, auteurs dans l’espace public, écrivons avec les sons, le mouvement, les images, les mots, l’architecture, l’air du temps, le silence, ou la verticalité, en tant que metteurs en scène, compositeurs, inventeurs, chorégraphes, plasticiens, scénographes, écrivains, urbanistes… ; cependant, quels que soient nos arts, multiples et/ou croisés, il s’agit toujours d’écriture. Une écriture nécessairement et délibérément spécifique.

Un espace à embrasser.

Nous écrivons pour un espace spécifique : l’espace public, qui est d’abord l’espace du public, dans lequel l’artiste s’invite. Urbain ou rural, champêtre ou sylvestre, aquatique ou aérien… centres commerciaux, parkings, avenues, impasses, champs, places… L’espace public est un espace polymorphe où les places ne sont pas attribuées.
Nous prenons en compte cet espace, et nous en servons comme support et source d’émotions… nous intégrons ses contraintes, ses nuisances, ses richesses pour produire une écriture en mouvement.
Par un acte artistique, nous modifions l’espace public qui continue de vivre pendant le spectacle et peut par conséquent transformer l’écriture ou le rapport au spectacle.
Cette relation artistique à l’espace public crée de nouveaux usages, de nouvelles lignes, et celui-ci en retour se densifie. Cette pratique peut le transformer en un espace propice à la contemplation, l’émotion ou la réflexion.
L’usager du lieu devient spectateur et peut se construire sa propre histoire par le croisement entre la fonction usuelle de cet espace et la vision que nous lui en proposons.
En ces instants, les artistes et les témoins de cette pratique peuvent habiter pleinement leur espace, vivre collectivement et autrement ce lieu.
Enfin, par notre pratique, nous posons la question fondamentale de la liberté d’expression dans cet espace public.

Un public libre.

Notre travail d’écriture est singulier en ce que nous écrivons pour un public libre d’aller et venir, de partir à tout moment ; un public n’ayant pas forcément choisi par avance ce qu’il va voir.
Nous prenons ainsi le risque de la découverte de notre œuvre par un public multiple, divers, de tout âge et de tout milieu, inattendu, surpris et non captif.
Nous devons tenir compte de ces voix et corps imprévisibles, ceux du public qui viennent rejoindre la grande partition et ceux de la rue qui n’ont pas eu envie de la rejoindre. Toutes ces voix, tous ces corps peuvent être amenés à faire partie du spectacle. Chacun est libre de prendre sa place.

Une écriture évolutive.

L’interaction permanente auteur / espace public / public, qui nous inspire, nous pousse aussi à une écriture qui ne peut être figée. Nous écrivons avant, pendant, après la création/répétitions, présentons des formes provisoires au public, remettons notre ouvrage sur le métier tout au long du processus de création et d’exploitation.

Une diversité de formes et d’auteurs.

L’écriture dans l’espace public engendre souvent la notion de co-auteur(s) puisqu’elle peut faire appel à des formes d’arts divers : théâtre forain, de tréteaux, textuel ou non textuel, déambulatoire, cirque, clown, mime, pyrotechnie, entresort, orchestre, installations plastiques, sonores, mécaniques (et la liste n’est pas exhaustive). La gestion collective de la propriété intellectuelle est une particularité de l’écriture dans l’espace public.

La question des traces.

Qui dit auteur et création pose la question de la mémoire voire de la publication de ces créations.
Qui dit auteur et création pose la question de transmettre ces créations pour qu’elles soient reprises par d’autres créateurs.

Nous pensons que ces particularités méritent de se confronter, se faire connaître et reconnaître.

Par des actions de promotion/d’identification
En dehors de ce document, une manifestation d’auteurs dans l’espace public transportable existe et sera visible dans les festivals et toute manifestation propice.
D’autres actions seront développées en direction du public, des professionnels du spectacle vivant, des pouvoirs publics et des collectivités…

Par la création d’une association d’auteurs dans l’espace public
Pour asseoir notre réflexion et mener des actions qui viennent la renforcer, rendez-vous le 2 septembre 2010 à la Hors les murs. Renseignements et contact : caussi1metier@googlegroups.com

Soufflons nous-mêmes dans nos voiles !
Signé : le groupe de travail « Auteurs de l’espace public »

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