La Culture, un secteur de l’économie comme les autres ?

23 mai 2011 par - Arts de la rue, Divers

Ce titre, ce sujet de réflexion, est à priori une pure provocation. Ou, plus précisément, il exprime la dérive actuelle de la culture, qui devient de plus en plus un secteur économique, un marché plus ou moins florissant, avec l’industrie cinématographique, l’industrie du CD et du DVD, internet, le cinéma et la télévision.
Mais avant tout il faut bien distinguer l’art et la culture. Et définir ce qu’on entend par culture.
L’art est un phénomène individuel.
La culture est un phénomène collectif.
La culture est ce qui est commun à un groupe, une nation, une région, une ethnie.
C’est un véritable abus de langage de ne parler que de l’offre et la demande, de la consommation culturelle a propos des arts et des lettres.
L’art, activité humaine, est le résultat du travail de l’artiste. Il devient objet culturel et par extension, par déformation, objet de spéculation.
C’est donc une perversion ou un abus de langage que de parler de la culture comme d’un secteur de l’économie comme les autres. Cela revient à considérer l’artiste comme un producteur, un artisan.
L’art échappe au secteur économique si on aborde ce secteur sous l’angle de la productivité.
Et pourtant la culture fait l’objet des lois de l’offre et de la demande, d’une industrie de plus en plus importante.
Il faut distinguer donc entre la culture objet artistique qui n’est pas soumise aux lois de l’économie, et l’industrie culturelle  proprement dite.

Mais pour aller plus loin, la distinction est plus difficile a faire quand on prend l’exemple du festival “off” d’Avignon, ou encore de « Off » d’Aurillac, qui , loin d’etre régis par les lois du marché, génèrent malgré tout un apport économique à la ville d’Avignon ou d’Aurillac tout à fait considérable, sans que les artistes en reçoivent le bénéfice.

 » La culture de masse apparaît quand la société de masse se saisit des objets culturels, et son danger est que le processus vital de la société (qui comme tout processus biologique, attire insatiablement tout ce qui est accessible dans le cycle de son métabolisme) consommera littéralement les objets culturels, les engloutira et les détruira…..Leur nature est atteinte quand ces objets eux-mêmes sont modifiés -réécrits, condensés, digérés, réduits à l’état de pacotille pour la reproduction ou la mise en image.
Cela ne veut pas dire que la culture se répande dans les masses, mais que la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir. Le résultat n’est pas une désintégration, mais une pourriture… « 

Hannah Arendt, La Crise de la Culture

La culture, en résumé, est un secteur économique malgré elle ; ou qui souhaite rester hors circuit, mais tombe, souvent, plus ou moins malgré elle, dans cette “dérive” impliquée par le régime néolibéral dans lequel nous vivons.

Dominique Houdart

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Commentaires (1)

 

  1. Lucien Veran dit :

    Élitisme.

    Cet élitisme archaïque qui voudrait isoler l’art et ou la culture, de l’économie et des mouvements concrets du monde témoigne d’un point de vue franco-français bien poussièreux.

    C’est très mal défendre la création que de continuer à la penser comme planant dans une sphère ou ni la monnaie ni la propriété n’aurait d’effet sur l’artiste, sa situation et son devenir.

    C’est très mal (pas du tout) connaître ce que sont l’économie, le droit, l’administration que de présenter ainsi « l’artiste » comme appartenant à un « autre monde »

    Demandez vous pourquoi la SACD existe et si ce n’est pas de l’intérêt de tous de revoir une phraséologie repoussoir.

    Bonne journée.

    Lucien Véran

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