Philippe Séguin et le cinéma

11 janvier 2010 par - Audiovisuel

La mort de Philippe Séguin a donné lieu à une avalanche de condoléances plus ou moins hypocrites, faux derches (celles de Juppé ou de Jospin que cette mort surprenait en pleine promo et qui devait céder son temps de parole), à un déluge de regrets coincés, avec des expressions calibrées, taillées sur mesure  qui voltigeaient d’un article à l’autre :  forte personnalité, Républicain, gaulliste social. Quelques exceptions ici et là, notamment celle de Serge Moati visiblement très ému et d’Henri Guaino. J’aimais bien Philippe Séguin. Les deux ou trois fois où je l’ai rencontré, il m’a étonné par sa culture, sa rapidité de décision, son intérêt et sa connaissance de très nombreux sujets. Notamment le cinéma. Ce que je n’ai lu nulle part. On parlé de son amour du foot mais pas du cinéma qui l’a conduit à accepter de siéger au Conseil d’Administration du Festival de Cannes.

Je me souviens de son intervention dans la regrettée émission Cinéma, Cinémas où l’on interrogeait un certain nombre d’hommes politiques sur leur rapports avec le 7ème art. Philippe Séguin avait été l’un des plus brillants et quand il parlait des films qu’il aimait, ne pratiquait jamais la langue de bois. Les réalisateurs producteurs lui doivent une fière chandelle. Dans les années 80, le ministère des finances avait décidé de considérer les réalisateurs gérants des sociétés de production au capital de 100 000 francs sociétés créées à la demande du ministère de la Culture pour permettre à des réalisateurs de toucher l’avance sur recettes) comme des salariés, même s’ils n’étaient absolument pas rémunérés. Et on commençait par prendre en compte le capital qui avait servi à monter la société et qui était souvent constitué pour une partie de scénarios et de droits divers. Cet intérêt était rétro actif et certains cinéastes s’étaient vus demander des sommes énormes . Je me souviens de Michel Drach à qui les huissiers réclamaient, dans un délai très court,  plus de 800 000 francs. Toutes les tentatives que la SRF avait faite au près des Ministères de la Finance et  de la Culture, dirigés par des socialistes, avaient débouché sur une impasse.  Après les élections, nous avions demandé Gérard Guérin et moi à rencontrer Philippe Séguin qui était ministre des Affaires Sociales et de l’Emploi. En quelques minutes, on réalisa qu’il connaissait parfaitement le dossier, ce qui n’était le cas d’aucun de nos interlocuteurs précédents. Et qu’il connaissait la carrière et les films de tous les auteurs concernés. En fait on parla surtout de cinéma, ce qui n’était pas si courant avec les députés chiraquiens. Et il régla tous les problèmes, fit cesser les procédures.

Commentaires (1)

 

  1. Disparitions dit :

    […] grand merci à Bertrand Tavernier pour avoir rappelé dans le blog du Conseil d’administration de la SACD que Philippe Seguin n’était pas seulement un […]

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